- PARIS (UNIVERSITÉ DE)
- PARIS (UNIVERSITÉ DE)PARIS UNIVERSITÉ DEAu XIIe siècle, des écoles de logique et de théologie se développèrent à Paris, autour de Notre-Dame et sur la rive gauche. Vers 1180, maîtres et étudiants de ces écoles commencèrent à s’organiser en une corporation (universitas magistrorum et scolarium ) pour obtenir leur autonomie vis-à-vis de l’évêque et du roi. Marquée par des grèves et par des exils volontaires, leur lutte aboutit au XIIIe siècle, grâce au soutien de la papauté: premiers privilèges en 1200, premiers statuts en 1215, autonomie complète en 1231. L’Université formait désormais un corps privilégié (exemption fiscale, for ecclésiastique, monopole de la collation des grades). Par la suite, son organisation se précisa: quatre facultés (théologie, droit canon, médecine, arts); la faculté des arts, la plus nombreuse puisqu’elle préparait aux trois autres, était divisée en quatre «nations» (France, Normandie, Picardie, Angleterre) regroupant les étudiants selon leur origine; le recteur, élu parmi les maîtres de la faculté des arts, dirigeait toute l’Université. Les études étaient longues, de six à quinze ans selon les facultés; dans chacune, le cursus complet comprenait successivement le baccalauréat, la licence et la maîtrise (ou doctorat). Les années 1230-1280 marquent l’apogée de l’Université de Paris; elle devait compter environ cinq mille étudiants; dans tous les domaines, l’étude d’Aristote et de son commentateur arabe Averroës avait permis un profond renouvellement; la méthode était celle de la scolastique, combinant la lecture commentée des autorités et la libre dispute suivant les règles de la dialectique. La faculté des arts vit l’approfondissement constant des études logiques et même proprement philosophiques; à la faculté de théologie, l’arrivée des religieux mendiants, après de graves conflits initiaux, fut stimulante; chez les franciscains, saint Bonaventure maintenait la tradition augustinienne; chez les dominicains, plus novateurs, saint Thomas d’Aquin et saint Albert le Grand tentaient de concilier foi et raison, Aristote et la Révélation. Certaines des audaces des averroïstes de la faculté des arts et même du thomisme furent condamnées en 1270 et 1277 par l’évêque de Paris. Dès lors, l’Université de Paris perdit peu à peu sa hardiesse intellectuelle. Cependant, son rôle resta grand aux XIVe et XVe siècles. Elle formait toute une partie des cadres de l’Église et de l’État; elle intervenait couramment dans les affaires ecclésiastiques (conciles de Constance et de Bâle) et politiques (procès de Jeanne d’Arc). Mais ces interventions la déconsidérèrent plutôt. Le roi rogna ses privilèges. La guerre de Cent Ans, la concurrence des nouvelles universités restreignirent son recrutement, qui s’étendait auparavant à toute l’Europe. D’ailleurs son enseignement se sclérosait; les recherches originales ébauchées en physique par Oresme et Buridan tournèrent court, faute de méthode expérimentale; la théologie spéculative, gravement atteinte par les critiques du franciscain anglais Guillaume d’Ockham, tourna au pur verbiage. Le meilleur théologien parisien de cette époque, Jean Gerson (1363-1429), essaya cependant de dépasser le scepticisme ockhamiste en suscitant un réveil de la piété et du mysticisme personnel. Les institutions se modifièrent; les collèges supplantèrent peu à peu les facultés; il y en avait soixante-dix vers 1500, les plus importants étant ceux de Sorbonne (fondé en 1257) et de Navarre (1304); à l’origine simples fondations pieuses pour l’hébergement d’étudiants pauvres, ils devinrent des centres d’enseignement «de plein exercice», avec leur propre corps professoral; par suite, leurs privilèges furent étendus et leur recrutement devint plus aristocratique; quant aux facultés, elles ne servaient plus qu’à distribuer les grades. La Sorbonne en particulier finit par dominer complètement l’enseignement de la théologie. L’Université de Paris s’ouvrit timidement à l’humanisme: une chaire de grec en 1466, l’imprimerie à la Sorbonne en 1470. Mais, dans l’ensemble, elle resta hostile aux idées nouvelles et, si elle continua à former une partie du clergé et des officiers royaux, elle ne sut renouveler ni son enseignement ni ses institutions. Du XVIe au XVIIIe siècle, aucun grand courant d’idées, aucune œuvre importante n’y sont nés; les innovations pédagogiques et scientifiques ont eu lieu dans des établissements plus ou moins étrangers à l’Université: Collège des lecteurs royaux fondé par François Ier sur les conseils de Guillaume Budé (1530), collège de Clermont ouvert par les jésuites en 1563, académies créées au XVIIe siècle. Ni la réforme de la Sorbonne par Richelieu (qui la dota de magnifiques bâtiments élevés de 1627 à 1648), ni la création du Collège des Quatre-Nations par Mazarin (1661) ne redonnèrent de dynamisme à l’Université. Étroitement surveillée par le roi et le Parlement, elle était vouée à un rôle purement conservateur; elle condamna successivement le cartésianisme, les jésuites, l’Encyclopédie. La Convention supprima l’Université de Paris en 1793, mais les seuls établissements d’enseignement supérieur créés par la Révolution furent de grandes écoles (École normale supérieure, École centrale, École de santé). Napoléon rouvrit l’Université de Paris en 1808 avec cinq facultés (théologie, droit, médecine, sciences, lettres), la faculté de pharmacie fut créée en 1840. Jusque vers 1880, elle se développa lentement; par suite de la concurrence des grandes écoles, les étudiants étaient peu nombreux, surtout en lettres et en sciences; l’enseignement de quelques professeurs libéraux (Villemain, Victor Cousin, Jules Simon) eut un grand succès, mais cela aggrava la méfiance des gouvernements autoritaires à l’égard des facultés. C’est vers 1890 que, sous l’impulsion du vice-recteur L. Liard, l’Université de Paris a commencé à prendre sa physionomie contemporaine: création du Conseil de l’Université (1896), croissance rapide des effectifs, nouveaux bâtiments (Sorbonne en 1889, Cité universitaire à partir de 1923), enseignement moderne orienté vers la préparation des examens et des concours, interventions dans la vie politique du pays (depuis 1934-1936 surtout).
Encyclopédie Universelle. 2012.